Une série de fusions et d’acquisitions ont donné naissance à des monstres : les banques « universelles »...(Marc Roche)

Une série de fusions et d’acquisitions ont donné naissance à des monstres : les banques « universelles ».

Cette taille excessive est d’autant plus dangereuse que la structure des banques n’a fondamentalement pas changé. Comme avant la crise, les traders continuent de mener le bal. Au sein de ces conglomérats offrant l’ensemble des services financiers, cohabitent deux faces le plus souvent antagonistes.

La première, la plus importante en termes d’effectifs,  est fondée sur les rapports personnels avec les clients, des liens marqués par la civilité, le donnant-donnant et le respect d’un minimum d’éthique. Les fusions-acquisitions, les introductions en Bourse, la levée de capitaux ou la gestion de patrimoine relèvent par exemple de cette culture. C’est la banque «vanille», comme on dit à Londres à propos du sexe pas très imaginatif : prudente, consensuelle, simple. L’esprit d’équipe l’emporte sur les commodités personnelles. A priori donc, rien de bien menaçant.

Le second aspect est l’activité de trading. Grâce à des transactions dans lesquelles le prix, le volume et la rapidité importent avant tout. Les liens avec les institutions financières partenaires par téléphone ou e-mails sont impersonnels et conflictuels. Le trader est par définition un individualisme forcené, peu loyal envers ses collègues et l’entreprise. Son seul objectif est de faire rapidement du chiffre pour gonfler sa prime de fin d’année. Immédiatement et quelle que soit la méthode. C’est la spéculation sans entraves.

Ce pôle est créateur d’immenses profits. Or, dans les banques encore plus qu’ailleurs, le pouvoir est à celui qui crée de la richesse. C’est la raison pour laquelle, malgré la crise, la culture transactionnelle –sentiment d’impunité, avidité et orgueil démesuré- reste dominante dans les salles de marchés.

 

Fuente: Les Banksters. Marc Roche. Éditions Albin Michel. Paris. 2014.

 

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